Le droit de tout enfant à être inscrit dans l’école de son quartier a été prescrit dans la loi de 2005, affirmé dans la loi de refondation de l’école et légalisé dans le code de l’éducation en 2019 par la loi pour une école de la confiance.
Les cinq dernières années ont été marquées par une volonté politique forte pour garantir l’exercice de ce droit des enfants avec handicap à une scolarité avec et parmi leurs camarades, élèves parmi les autres.
La progression du nombre d’élève est conséquente, elle n’en demeure pas moi frustrante pour ceux pour qui les portes de l’école restent encore fermées ou simplement entrouvertes faute des moyens d’accompagnement suffisants, de dispositifs et de suivi adaptés de l’école, de formation actualisée des professionnels (enseignants, accompagnants, agents de l’éducation et/ou de la ville), d’accessibilité suffisante des locaux, des matériels, des services périscolaires…
Faute aussi de culture inclusive résolument partagée.
Personne, aucun parent n’ayant pu obtenir satisfaction pour l’inscription de son enfant, ne peut se satisfaire des chiffres que vous produisez, aussi transparents soient-ils.
Néanmoins, personne ne peut dire que c’était mieux avant.
Au-delà des principes que vous avez rappelés et que nous partageons, la Fédération Générale des PEP, que j’ai l’honneur de présider, association gestionnaire de près de 800 établissements médicosociaux, partenaire de l’école, est engagée dans la transformation des offres médicosociales et leur évolution en services et dispositifs d’accompagnement médicoéducatifs pour tout temps et tout lieu de vie, en recherchant la pleine participation des personnes concernées et des professionnels.
L’étendue de nos actions sur tous les départements nous conduit au constat suivant : l’ambition inclusive de l’École n’est pas identiquement portée dans toutes les régions.
Des inégalités de traitement, voire même des disparités nationales, apparaissent suivant l’appropriation des concepts par les autorités locales qui font preuve soit d’une trop grande prudence, soit d’un conservatisme dans les organisations, soit d’une frilosité dans les dynamiques partenariales inhabituelles dans leurs pratiques.
Nous assistons à des refus d’inscription d’enfant avec handicap, notamment à l’école maternelle ; à des orientations par défaut vers des instituts spécialisés qui manquent de place et qui ne correspondent ni aux choix des familles, ni aux principes de l’école inclusive ; à des refus d’accompagnement adaptés des enfants, faute de services suffisants.
Pourtant de belles réussites sont à mettre en avant, notamment dans l’Eure-et-Loir, l’Ain, le Val-de-Loire, en Limousin, région PACA…je tiens la liste à votre disposition et nous serons très heureux de vous accueillir pour vos visites en proximité.
Il s’agit donc pour cette année scolaire 2022-2023 de poursuivre, donner un nouveau souffle à l’Ecole inclusive, développer des plans de formation déclinés en territoire suivant les ressources et les pratiques déjà engagées, pour permettre à chacun de s’approprier ces nouveaux droits en lien avec les familles.
Cette année encore, les acteurs et partenaires de l’école inclusive feront face à de nombreux défis :
- Poursuivre la simplification des procédures, aller-vers les familles pour qu’elles accèdent facilement à leur droit ;
- Ne pas laisser les administrations reprendre leurs habitudes autonomes et encourager le partage d’expérience entre les Agence régionale de santé (ARS) et les rectorats ;
- Valoriser les démarches d’autodétermination des personnes, familles (lorsqu’il s’agit d’enfants jeunes), et adolescents, notamment pour leur choix d’orientation ;
- Tenir bon sur le partage des pratiques, la culture d’évaluation partagée, pour faire progresser tous les acteurs (exemple des Pôles ressources handicap – PRH) ;
- Ne pas laisser les institutions partenaires (les CAF, les collectivités locales), les associations gestionnaires, les associations de parents, à l’écart de cette ambition ;
- Assurer la transparence ;
- Rechercher la co-construction en étant à l’écoute des alertes, mais aussi en s’appuyant sur les réussites remontées des territoires, pour en permettre l’essaimage ;
- Renforcer le SAPAD, l’école hors-les-murs avec des partenaires qui savent faire ;
- Étendre plus encore les pratiques inclusives au champ de l’enseignement supérieur.
Tout en s’attachant à ce que cette année encore, confiance, transparence, coopération et expertise partagée soient les maîtres mots de notre action à tous.
En conclusion, certes les problèmes existent, notamment en termes de recrutement tant des enseignants que des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) et la crainte est bien réelle que ce soient les élèves avec handicap qui en pâtissent.
Nous comptons sur vous pour porter avec conviction ce beau projet d’égalité républicaine dans la réussite des parcours éducatifs des élèves dits handicapés. Cette réussite ne peut se concevoir dans une école repliée sur elle-même et la seule résolution de ses problèmes intrinsèques.
La réussite peut venir de l’ouverture justement qui permet justement de vivre ensemble, de profiter des avancées de tous pour tous, d’exalter le sens des métiers de l’éducation mais aussi de l’accompagnement, avec de grandes attentes liées à la concrétisation des conclusions du rapport Piveteau.
Cette conviction doit irriguer toutes les politiques, les pratiques de droit commun, afin de cesser de regarder l’élève dit handicapé comme un poids, un sujet de problèmes, mais le considérer comme un facteur de progrès pour tous, et pour la société tout entière.